Contexte
La région de l’Afrique centrale, englobant le bassin du fleuve Congo, est d’une importance capitale à l’échelle mondiale pour l’avenir de la biosphère et de l’humanité.
Actuellement, cette zone géostratégique subit des changements accélérés liés à la croissance démographique et au développement économique avec les besoins en infrastructures associés et les pressions croissantes sur les terres et les ressources naturelles. Le bassin du fleuve Congo abrite la deuxième plus grande superficie de forêts tropicales au monde (2,5 millions de km 2). Ces forêts représentent une part inestimable de la biodiversité tropicale.
Les forêts tropicales du monde entier sont essentielles au maintien de la qualité de l’environnement dans toute la région, tout en fournissant des biens et des services aux niveaux local et international, comme illustré dans le nouveau film de CAFI, « Les forêts d’Afrique centrale : la clé d’un avenir plus frais pour tous » (http: //www.cafi.org) et présenté lors du « One Planet Summit » (https://www.cafi.org/content/cafi/en/home/events/new-cafi-movie-calls-for-joint- action.html). L’Afrique centrale est ainsi au centre des menaces et des enjeux mondiaux.
On soutient que le changement climatique a le potentiel d’affecter négativement ces forêts. Cependant, on comprend peu de choses sur les forêts d’Afrique centrale, comment le climat actuel les soutient et comment le changement climatique les affectera. Néanmoins, l’Afrique centrale reste l’une des régions du monde les moins étudiées. Par conséquent, les lacunes dans les données et les connaissances sont importantes. Cela met non seulement en péril les progrès des sciences cognitives sur des questions d’importance mondiale, mais entrave également la conception de programmes solides et rentables pour le développement durable, l’atténuation du changement climatique et la conservation de la biodiversité.
Les nombreux défis environnementaux auxquels l’Afrique centrale est confrontée s’inscrivent dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD prioritaires 6, 7, 13, 14 et 15), engagements pris lors de la COP 21 (très liés en Afrique Centrale à la Réduction des Emissions résultant de la Déforestation et Dégradation, REDD) et initiatives Une Santé et 4 pour 1000, éléments clés des orientations stratégiques de l’IRD.
Objectives
Le LMI DYCOFAC est un laboratoire mixt international liant l’IRD, l’IRGM et l’UY1. Hébergé au Cameroun, il rassemble des scientifiques des pays d’Afrique centrale, principalement le Cameroun et le Gabon, et des pays du Nord (France, Royaume-Uni, Belgique et USA).
il vise à poursuivre et à développer les activités de recherche à la fois sur la zone critique (couche perméable de la Terre proche de la surface de la cime des arbres jusqu’au fond de la nappe phréatique. C’est une couche limite vivante, respirante et en évolution l’eau, l’air et le vivant interagissent) et les ressources en eau à partir de projets interdisciplinaires co-construits. L’objectif principal est d’étudier les liens entre le changement climatique et l’occupation des sols à travers la dynamique du couvert végétal et les cycles biogéochimiques. Ces liens, qu’ils soient forçages ou réponses, sont complexes, insuffisamment étudiés et mal quantifiés dans les écosystèmes forestiers terrestres d’Afrique centrale. Ils doivent être traités de manière intégrée à différentes échelles spatiales et temporelles. Ainsi, les activités de recherche sur les propriétés et les processus de la zone critique doivent être intégrées afin de collecter des ensembles de données spatialement denses et temporellement étendus. Cela implique l’utilisation de disciplines telles que la climatologie, l’écologie, l’hydrologie, la géochimie et la géographie.
L’autre objectif du LMI DYCOFAC est de former à et par la recherche des doctorants et post-doctorants du Sud et du Nord. Il vise également à former des techniciens et des ingénieurs pour la maintenance des observatoires, les plateformes d’analyse et de modélisation.
Question scientifiques et sociétales
- Comment évolue le climat en Afrique centrale ?
- Comment concevoir/adapter des modèles pour intégrer les résultats de sites de référence et de réseaux de surveillance séparés ?
- Comment revaloriser les résultats sur l’eau et les cycles biogéochimiques à partir de situations de référence ?
- Comment suivre et représenter en toute sécurité les changements d’utilisation des terres et de couverture des terres dans des paysages conservant des couvertures végétales étendues ?
- Comment partager les résultats scientifiques avec les collectivités, les instances opérationnelles (agences, ONG, entreprises) et les décideurs ?
Réseautage international
Le LMI DYCOFAC s’inscrit dans la dynamique scientifique internationale actuelle pour fédérer les activités de recherche et d’innovation sur le bilan massique et les processus de la Zone Critique, et pour les insérer dans les réseaux d’observation des écosystèmes terrestres (OZCAR, CZEN, eLTER). De nombreux participants au LMI sont également membres du programme FRIEND AOC, IHP/UNESCO. FRIEND est un programme international conçu pour renforcer les partenariats entre les hydrologues régionaux à travers des conférences, des ateliers, des sessions de formation. Le LMI est donc un outil structurant pour le partenariat Afrique centrale dans le but d’étudier le fonctionnement et la dynamique des écosystèmes forestiers et d’eau douce du Bassin du Congo sensu lato dans un contexte de changements globaux.